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Revue de l’année 2006 et perspectives pour 2007:

Avant-propos

Dans deux semaines, www.whisky-news.com célébrera sa première année d’existence et je tiens à vous remercier les 18'000 visiteurs de mon site web (325 visiteurs en Janvier et 3400 en Décembre 2006) et j’espère que vous l’apprécierez d’avantage en 2007.

Ce site web va continuer de rester indépendant et de continuer à vous transmettre toutes les nouvelles sur le whisky et son industrie. Un article est en finalisation, plusieurs Distillery in Focus vont être publiés, plus de notes de dégustations et plus de revues de la littérature. Mon billet d’avion est réservé pour le Feis Ile 2007 à Islay et un autre voyage en Ecosse aura probablement lieu dans le Speyside.

Je vous souhaite tous mes meilleurs vœux pour 2007 et laissons les Ecossais et le reste du monde produire d’excellents whiskies pour notre plaisir.

Slainthe

P. Brossard

Le passé et le futur :

2006 fut une année de croissance et d’innovation. Les ventes de whisky ont progressé, grâce à la croissance des ventes dans le sud-est asiatique, l’Europe de l’est, la Chine et l’Amérique. L’industrie regarde avidement du côté de l’Inde, un des plus grand marché de whisky du monde. Malheureusement, les taxes prohibitives à l’importation (jusqu’à 500%) rendent le Scotch whisky non compétitif avec le whisky produit localement. Certaines compagnies, telles que Beam Global Spirit ont commencé de faire des whiskies en Inde, en mélangeant du single malt écossais avec du whisky de grain indien. L’inde apprécie tellement le whisky que Mallay, un groupe  indien, risque de racheter prochainement l’un des plus grands groupe Ecossais, Whyte and Mackay (Dalmore, Isle of Jura, Fettercairn). Avec la bonne santé des ventes de whisky, les stocks de vieux whiskies s’amenuisent rapidement et les prix partent à la hausse. Certaines sources mentionnent des augmentions de prix de 20-30% ces 6 derniers mois et une hausse similaire pour 2007 est envisagée. Afin de fournir des vieux blends premiums ou superpremiums ainsi que de vieux single malts à ces pays émergents dotés d’un fort pouvoir d’achat, les distillateurs sont contraints de racheter certains de leur fûts à prix d’or. Par conséquent, les éditions limitées de vieux single malts, de distilleries telles que Bowmore, Ardbeg ou Macallan ont parfois plus que doublé de prix en 12 mois. Pour les embouteilleurs indépendants, comme Douglas Laing, Duncan Taylor ou Signatory, l’acquisition de vieux fûts de whisky est extrêmement difficile et onéreuse. Pour les prochaines années, ils devront vivre sur leurs stocks.

            En parallèle avec l’augmentation des ventes, la production a été augmentée en 2006 et  la progression va continuer en 2007 afin de satisfaire la demande. Plusieurs distilleries vont être au maximum de leur production, comme Macallan, Highland Park, Talisker ou Lagavulin. Certaines distilleries, telles que Lagavulin sont déjà aux maximum de leur capacité depuis plusieurs années et Diageo, comme d’autres groupes, sont en train d’expérimenter de nouvelles souches d’orge telles que Troon, Oxbridge et Appaloosa afin d’augmenter le rendement en alcool par tonne d’orge. Une augmentation de rendement permet de produire d’avantage de whisky sans (trop) changer la procédure de fabrication. D’autres alternatives, comme l’utilisation de levure à fermentation rapide (levure de type MX) permettent de réduire la durée de la fermentation et de produire d’avantage d’alcool si le mashing est un facteur de limitation de la production.

La demande élevée de whisky pousse les prix à la hausse, et un second facteur va contribuer à ce renchérissement : le prix de l’orge. En 2006, les récoltes furent mauvaises, pas seulement en Ecosse et au Royaume-Uni, mais également dans les autres pays producteurs et exportateurs tels que le Danemark. Les prix de l’orge sont en train de s’envoler et encore d’avantage pour l’orge malté. Pour les distilleries dépendantes des maltsers pour l’orge, comme Edradour, ils devront payer le prix fort s’ils veulent continuer de produire du whisky en quantité. Le prix de l’orge est très élevé, mais les quantités d’orge risquent d’être insuffisantes.

Plusieurs années sont requises entre la distillation et la  mise en bouteille du whisky et l’augmentation de la production en 2006 et 2007 ne permettra pas de satisfaire la demande pour 2007.

            L’année 2006 fut riche en innovation, avec de nombreux nouveaux produits sur le marché. Une des tendances de 2006 fut les jeunes whiskies. D’habitude, les whiskies sont mis en bouteille après 10-15 ans de maturation. En 2004 Ardbeg mis en bouteille un whisky de  6 ans d’âge, le Very Young et en 2006 le Still Young, un whisky de 8 ans d’âge. Lors du Feis Ile 2006, Bowmore a proposé un whisky de 6 ans d’âge, Edradour le Ballechin, Signatory un Bunnhabhain de 7 ans d’âge et Bruichladdich le PC5, un  Port Charlotte de 5 ans d’âge. Les whiskies jeunes étaient préalablement destinés à des marchés spécifiques comme l’Italie où l’on peut trouver un Glen Grant de 5 ans d’âge ou un Macallan de 7 ans. Si les whiskies sont maturés dans de fûts de bonne qualité, principalement des fûts de premier remplissage, un whisky de 5 ans peut satisfaire une large audience. Si l’industrie souhaite compenser ce décalage entre l’offre et la demande, réduire le temps de maturation peut s’avérer une excellente solution, aussi longtemps que la qualité est présente. Un temps de maturation plus court permet une rotation plus rapide des stocks et des fûts, diminuant par la même occasion la capacité de stockage nécessaire. Les capacités de stockage de la plupart des distilleries sont insuffisantes et de nombreuses distilleries stockent leurs fûts dans d’autres distilleries ou centres de stockage. De plus, plus les stocks sont importants, plus le volume de fûts est important. Puisque les ventes de bourbon sont également en hausse, l’approvisionnement en fûts ex-bourbon ne sont pas un vrai problème. Néanmoins, la demande en fût est si importante, que les forêts sont surexploitées et ne peuvent plus se régénérer suffisamment vite. Par conséquent, la qualité du bois pour les fûts est parfois moins bonne. Les fûts de sherry sont rares et onéreux.

Une autre tendance est aux whiskies tourbés, avec des distilleries comme Bunnhabhain, Edradour ou Glen Scotia, qui ont en mis en bouteilles leurs premiers whiskies tourbés. Les versions tourbées de Bruichladdich ou de BenRiach sont également plus nombreuses. Certaines rumeurs indiquent que d’autres distilleries traditionnellement « non-tourbées » ont produit des lots de whisky tourbés et que certains de ces produits vont bientôt arriver.

Les affinages (wood finish) dans des fûts de sherry, de bourbon ou de vins pendant plusieurs mois ou 1-2 années après une maturation normale, fut largement utilisé en 2006. Cela permet à de jeunes distilleries comme Arran d’offrir une large gamme de produits (p. ex., affinage en Sauternes, Champagne ou Cognac), avec une gamme limitée d’âge de whiskies. Certaines compagnies peuvent être tentées de réduire la durée moyenne de maturation de leurs whiskies, afin de laisser du stock pour les blends et les éditions limitées de single malts en promouvant d’avantages les whiskies jeunes et/ou affinés.

            L’année à venir sera certainement aussi dynamique que 2006. De nouvelles distilleries ont ou vont être construites, comme Blackwood dans les îles Shetlands, Ladybank dans le Fifie, Kilchoman à Islay ou Glengyle à Campbeltwown. De nouvelles sont prévues : Port Charlotte à Islay et une par Diageo dans les Borders (Lowlands). Certaines distilleries en sommeil comme Imperial ou Tamnavulin peuvent peut-être tenter certains entrepreneurs. Lors de ces dernières années, certaines distilleries ont rouvert, comme Alt A’bhannie, BenRiach,  Glencadam, et Tullibardine. La quasi-totalité de BenRiach et Tullibardine whiskies était destinée pour les blends de Chivas et de Whyte and Mackay, respectivement, et seulement un produit était proposé au consommateur. Désormais, sous l’impulsion de Billy Walker à BenRiach ou de John Black à Tullibardine, les amateurs de whisky peuvent enfin déguster la beauté des produits de ces deux distilleries. Leurs produits sont très bons, et certains superbes. Leur emballage a été refait et ces whiskies sont désormais correctement mis en avant.

            Bruichladdich et Jim McEwan restent toujours une des distilleries les plus innovatrices, si ce n’est la plus innovatrice. Après avoir produit le premier whisky de quadruple distillation de ce millénaire, le X4 usquebaugh-baul, un celtic malt (le Celtic Nation) et la première bouteille (noire) mate avec leur Blacker Still et une nouvelle série d’affinage multiple (ACE) dans leur gamme Murray McDavid. John Glaser avec Compass box a créer un whisky unique, The Spcie Tree, un whisky maturé en fût de chêne rempli de copeaux de chêne afin d’augmentation les interactions whisky-bois. Ce whisky restera unique, puisque cette technique est désormais proscrite par la Scotch Whisky Association.

            L’interaction whisky-bois est très importante pour la maturation et le profil aromatique du whisky et Arran est la première distillerie a se doter d’un chais permettant une rotation automatique des fûts pendant leur stockage. Les autres distillateurs et acteurs du marché du whisky ne sont pas restés inactifs et de nouveaux concepts et idées se sont développés, surtout dans le domaine du marketing. Le group LVMH veut promouvoir les malts de ses distilleries Ardbeg et Glenmorangie comme des produits de luxe, avec leur Ardbeg 1965 et Glenmorangie Châteaux Margaux, dans un luxueux écrin de verre et une paire de gants blancs. Signatory avec leur Bomwore 1970 ou Springbank 1970 ou Duncan Taylor avec leur Bowmore 1966 ont commencé de vendre leurs whiskies exclusifs dans de très jolies boîtes en bois, comme à l’intérieur des prestigieuses marques automobiles anglaises. Cela ne va pas s’en rappeler le précédent mouvement observé avec les Cognacs il y a quelques années. Par conséquent, les produits commencent à devenir hors de portée du consommateur moyen et plusieurs distributeurs européens ont constaté une certaine érosion des ventes des single malts vendus plus de € 200/ $250/ £150/ 300 CHF.

L’argent n’est pas un problème pour les riches russes ou pour les nouveaux entrepreneurs dans le sud-est asiatique, la chine ou le japon. Les whiskies très haut de gamme se vendent par ailleurs en grande partie dans ces pays. Comme écrit dans un article du whiskymagazine, près de 75% des Macallans 30 ans d’âge se vendent à Taiwan. Lors des dernières ventes de McTears, une célèbre maison de vente aux enchères spécialisée dans le whisky, la plupart des lots sont partis à destination de la Russie. Dans tous les cas, le gros de la production est vendu dans la gamme 10-16 ans, un segment hautement compétitif, ou les prix risquent de rester à la hauteur de nos moyens financiers.

            L’intérêt pour le whisky est grandissant et de plus en plus de festivals sont organisés dans le monde entier. Les magazines se portent bien, de nouveaux sites sont créés, y compris une chaîne TV sur internet, et les différents acteurs améliorent sans cesse leurs sites web. Les ouvrages spécialisés (en anglais) continuent d’arriver, Jim Murray vient de publier sa Whisky Bible 2007, Charles McLean est toujours aussi prolifique et Misako Udo vient finalement de trouver une maison d’édition, pour son ouvrage de référence, « The Scotch Whisky Distilleries », la bible pour tous les détails des distilleries d’Ecosse.

Je vous souhaite à tous une excellente année 2007 et apprécions ce que l’industrie du whisky nous réserve.

Slainthe

 

Patrick

P. Brossard ©03Jan06