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Scotland whisky tour 29 Sep-05 Oct 2011

Jour 1, 2-3, 4-7, diaporama

Jour 1: Loch Lomond Distillery

Scotch Whisky Tour, Septembre-octobre 2011
Deux jours avant mon arrivée en écosse, mon rendez-vous à Deanston fut annulé suite à des raisons de maintenance imprévue, une des rares distilleries que je n’ai pu visiter. La situation semblait se détériorée car mon rendez-vous prévu le matin devait être réarrangé. La visite pouvant être déplacée en début d’après-midi, cela ne fut pas un grand problème.


Non sans quelques difficultés, j’ai réussi à naviguer dans les méandres d’Alexandria et trouver une distillerie située dans une zone industrielle entourée de hautes barrières et de gros portails. Plus une apparence de prison que d’une distillerie bien accueillante et romantique. Je fus accueilli par Gavin Durnin, Directeur, responsables des ventes et du marketing à Loch Lomond Distillery Company limited (http://www.lochlomonddistillery.com/).

Une des premières visions de la distillerie de Loch Lomond.


Loch Lomond est une distillerie relativement obscure et mal considérée par certains connaisseurs. Comme mentionné par Gavin, l’objectif de la compagnie n’est pas nécessairement de produire le whisky de malt le plus typé ou pointu, mais un whisky apte à convenir au palais du plus grand nombre (whisky facile à boire). Avec des dépenses marketing de £0 par année pour leur malt Loch Lomond et leur blend High Commissioner, respectivement numéro 2 des ventes en Allemagne et numéro 5 au Royaume-Uni (RU), la qualité ne doit pas être si mauvaise ? En plus de leurs whiskies, leur Vodka Glensvodka est numéro 1 au RU, devant Smirnoff !

A l'intérieur de la tonnellerie où ils brûlent les fûts.

 


Pour moi, Loch Lomond fut toujours une distillerie enigmatique et très discrète. Une compagnie qui a toujours attiré ma curiosité. Je fus ravi d’avoir Davin à ma disposition et à répondre à mes questions pendant une bonne heure. Ma première question concernait le lien entre Loch Lomond et Glen Caterine Bonded Warehouse Ltd. Contrairement à ce que la croyance générale, Loch Lomond n’appartient pas à Glen Caterine, mais un autre groupe appartenant à la famille Bulloch. Dans les années 1940, la famille Bulloch a ouvert une épicerie vendant différent produits, y compris divers spiritueux (e.g., Porto), avant de se diversifier et de s’étendre. L’épicerie des débuts est toujours entre les mains de la famille. Glen Caterine est une entreprise impliqué dans la mise en bouteille, blending et distribution de blended whiskies), alors que Loch Lomond gère Glen Scotia et responsable des produits Loch Lomond et Distillery Select.


Glen Caterine et Loch Lomond sont quasiment autonome pour le whisky, bien qu’ils procèdent à des échanges réciproques avec le numéro du marché, par exemple.


Avant de se focaliser d’avantage sur Loch Lomond et ses produits, j’ai saisi l’opportunité de poser des questions sur les autres distilleries, propriété de la famille Bulloch : Glen Scotia et Littlemill. Aucun embouteillage spécial n’est prévu avec Littlemill et bien que la distillerie soit fermée depuis 1992, Glen Caterine, responsable pour l’embouteillage des Littlemill, Inchmurrin et Glen Scotia 12 ans, continue de vendre Littlemil en tant que whisky de 12 ans d’âge, bien que le whisky le plus jeune ait 19 ans d’âge !

La station automatique pour vider et remplir les fûts.


Comme vous pouvez le constater, la séparation entre Glen Caterine et Loch Lomond est parfois floue. Le dicton « l’expression confirme la règle » est valable chez la famille Bulloch.


A propos de Glen Scotia, Loch Lomond dirige les opérations à Glen Scotia, mais c’est Glen Caterine qui s’occupe des vieux stocks de Glen Scotia, c’est-à-dire, du Glen Scotia produit avant son acquisition par la famille Bulloch. Contrairement à des informations circulant sur le web,  Glen Scotia n’a pas reçu le support de Springbank pour produire Glen Scotia pendant les années creuses. En fait, dans les années 1980, Springbank a du licencié une partie de son personnel, qui a trouvé un emploi chez Glen Scotia. Le personnel de Springbank a suggéré plusieurs changements opérationnels, mais les décisions de productions étaient décidées (et maintenues) par Loch Lomond distillery. Merci Gavin pour la clarification. D’après Gavin, la qualité du distillat de Glen Scotia s’est notablement améliorée depuis sa reprise par Loch Lomond.


Qu’en est-il de la gamme Distillery Select ? Gavin est à l’origine de cette gamme consistant à des whiskies de malt d’un fût unique, réduit à 45% sans colorant et filtration à froid. Cette gamme est « embouteillée » par Loch Lomond et les fûts sélectionnés par le maître de chais, le distillery manager et Gavin. Les whiskies sont normalement âgés entre 5 et 8 ans dans des bouteilles vertes. Une nouvelle sélection vient d’être mise en bouteille, dans des bouteilles en verre claire. Parmi les nouveaux produits, 4 Glen Scotia (2 tourbés et 2 non-tourbés) viennent d’être embouteillés. Les notes de dégustation devraient être prochainement publiée sur www.whisky-news.com.

 

les nouveaux embouteillages Glen Scotia Distillery Select à venir.


Après cette mise en bouche, concentrons-nous sur Loch Lomond :


La gamme consiste en un Loch Lomond sans âge spécifié, un 18 ans qui remplace le 21 ans, le Single Blend et le Peated Loch Lomond (assemblage de différents malts produits à Loch Lomond, incluant le Croftangea). Par définition, un single malt est le produit d’une distillerie. Si la distillerie produit plusieurs « variantes » et les mélange, le produit final reste un single malt.

La distillerie de malt (à gauche) et de grains (à droite).

 


La distillerie de Loch Lomond dispose d’une structure unique et relativement complexe, apte à confondre plus d’un amateur de whisky. Loch Lomond dispose de 2 sites à Alexandria (1 avec les chais et la tonnellerie et 1 avec les distilleries de malt et de grain). Dans la distillerie de grain se trouvent 4 paires d’alambique : 1 traditionnel, 2 avec Rectifying heads (une modification du Lomond still) et 1 pour la distillation en continue de malt (continuous distillation).
Cette combinaison unique d’alambiques permet à Loch Lomond de produire plusieurs distillats (whiskies) avec des profils aromatiques différents. Par l’utilisation de différents niveaux de tourbe, les options sont encore plus grandes.


Les produits suivants sont distillés :
Single grain made with 100% malt:
Rhoshdu:  Un “single malt de grain fait avec 100% de malt” est distillé depuis décembre 2010. En raison des nouvelles régulations, un whisky de malt distillé de façon continue ne peut être appelé « single malt ». Rhoshdu est un malt utilisé pour les blends et la production annuelle est de 2 moi d’alcool pur (LPA). Rhoshdu ne doit pas être confondu avec le single malt « rhodhu » distillé jusqu’en 2002 par Loch Lomond distillery !

Les alambiques en continu pour la production de whisky à base de 100% d'orge maltée (Rhosdhu).

 

Single malts :
Plusieurs single malts sont produits à Loch Lomond pour une production annuelle totale de 2 moi LPA , répartit entre Inchmurrin, Loch Lomond et Glen Douglas. Les whiskies tourbés ne représentent qu’une faible part du volume de production.


Loch Lomond : la majorité de la production est non tourbée, mais deux fois par année, un Loch Lomond très tourbé est produit, en même temps que les tourbées Inchfad, Graiglodge et Croftengea. Le Loch Lomond est un whisky distillé sur les alambiques « normaux ».


Glen Douglas :  Malt non-tourbé produits sur les alambiques avec tête de rectification. Le volume en alcool du «heart of the run » est de 66%. Abv.


Inchmurrin :
Comparable au Glen Douglas, mais avec un cut à 85% abv.


Inchfad : Malt tourbé à 25 ppm et distillé sur les alambiques avec tête de rectification.


Craiglodge :
Malt tourbé à 25 ppm et distillé sur les alambiques avec tête de rectification.


Croftangea : Malt tourbé à 55 ppm, 65 ppm dans le distillat. Produit Malt tourbé à 25 ppm et distillé sur les alambiques avec tête de rectification.
Pour compliquer le sujet, Loch Lomond a testé plusieurs types de levure. En plus des levures sèches M, MX et Anchor. Ils utilisent une levure utilisée pour la production viticole : sauvignon blanc qui contribue à un arôme vineux de chardonnay au whisky. Depuis le début de l’expérience, une petite production est faite avec cette levure 2x par année. Le prix de cette levure est 4x supérieur à la levure standard (Distiller’s yeast).


Après cette  introduction, il fut temps de visiter les sites et les distilleries.

les alambiques à repasse, avec les alambiques traditionnels au fond.

 


A Alexandria, Loch Lomond dispose de plus de 30 chais, sur rack ou palettes. Les palettes sont stockées sur 7 niveaux. Bien que la capacité de stockage soit de 50mio litres, les chais sont pleins. Un investissement pour de nouveaux chais est planifie. La ville d’Alexandria s’est considérablement développée depuis la construction de la distillerie en 1966. Par conséquence, un nouvel emplacement doit être trouvé. Loch Lomond incorpore une tonnellerie dans laquelle travaillent 4 tonneliers. 53 personnes travaillent entre les 2 sites de Loch Lomond à Alexandria. A côté de la tonnellerie se trouve une ligne de production automatisée permettant la vidange et le remplissage de fûts. Le whisky n’est pas embouteillé à Alexandria, mais à Kilmarnock. Les fûts sont utilisés jusqu’à 5 fois. Avec l’exception de quelques fûts de sherry, les barrels sont les fûts les plus utilisés, ainsi que quelques hogsheads et quarter cask. Un quarter cask est actuellement utilisé pour la maturation finale de leur plus vieux whisky, un fût de Loch Lomond 1967. Aucun fût de vin n’est utilisé sauf pour la maturation du Loch Lomond organic produit en 2000 afin d’obtenir la certification organic (biologique). Nous nous sommes ensuite rendus sur le deuxième site, celui des distilleries, où 8 washbacks de 50,000 L pour la distillerie de malt et 8 fermenteurs de 200,000 L étaient visibles à l’extérieur de la distillerie. Ces washbacks extérieurs furent ajoutés en 2007 afin d’augmenter la production de whisky. Les deux distilleries sont séparées par un mur commun. La distillerie contient un full lauter mash tun, ainsi que 10 washbacks en acier inoxydable et 5000 L. Dans le même espace que les washbacks se trouvent les alambiques : la paire originale avec les têtes de rectification (par comparaison avec le Lomond Still à Scapa, un anneau métallique se trouve sur la partie supérieure de l’alambique dans laquelle de l’eau froide pour circuler afin d’augment le reflux). La première paire fut installée en 1967 suivie par une deuxième paire en 1985. La paire d’alambique normale fut rajoutée et 1999 et la paire de colonne pour la distillation en continue date de 2007.


La visite de la distillerie de grain fut sommaire, puisque la production est entièrement automatique et contrôlée par une centrale ultra-moderne. A moins d’un problème technique, personne ne se rend dans cette distillerie. Le whisky de grain produit à Loch Lomond est composé de 10% d’orge maltée et de 90% de blé. L’analyseur est fait en acier inoxydable et la colonne de rectification en cuivre.


Comme vous avez pu l’observé, le whisky de grain avec 100% de malt n’est pas produit sur les mêmes colonnes que pour le whisky de grain « traditionnel ». Taille à part, les colonnes pour le malt sont faites en cuivre et au lieu d’avoir un seul point de collection de distillat (et donc un distillat avec un abv défini), le distillat est collecté à différentes hauteurs (4) correspondant à différents volumes compris entre 70 et 90% abv afin de reproduire le processus d’un alambique à repasse. Le rendement de ces colonnes est le même que pour les alambiques traditionnels, c’est-à-dire un peu plus de 400 LPA/tonne.  La fermentation à Loch Lomond est une des plus longues, si ce n’est pas la plus longue de l’industrie avec 180 h !

La station de traitement des eaux usées et les fermenteurs extérieurs.


Dans le laboratoire, j’ai pu déguster en aveugle plusieurs échantillons de leur production, âgés de 3 et réduits tous au même volume. Le premier échantillon était doux, malté, légèrement fruité et relativement neutre (Inchmurrin), suivi par un whisky plus complexe et fruité (d’avantage sur la pêhce) (Glen Douglas) avant de poursuivre sur légèrement épicé et la noix (Loch Lomond). Le whisky de grain était plutôt neutre voir légèrement agressif. Le Croftengea ressemblait plus à un whisky moyennement tourbé qu’à un whisky presque deux fois plus tourbé qu’un Caol Ila. Le Croftengea était étonnement doux et fruité, sans le côté sec ou maritime associé avec les whiskies d’Islay. Si vous aimez la tourbe, mais pas ce côté sec des whiskies d’Islay, ce whisky devrait vous plaire. Ma plus grande surprise était sans doute le Rhoshdhu Lorsque j’ai dégusté ce whisky j’avais plus l’impression de dégusté un vieux Rhosdhu de 20 ans d’âge qu’un whisky âgé de 2.5 – 3 ans. Il était relativement complexe, bien équilibré, riche, épicé, intense, fruits, avec de légères notes maltées et de noix, avec une finale courte à moyenne et douce. Un whisky fort différent des malts japonais Coffery ou d’autres whiskies de grain. En aucun, il ne s’agit d’un whisky inférieur et c’était l’échantillon que j’ai le plus apprécié.


Avec un budget promotionnel négligeable, la distillerie m’a surprise par son apparence générale très high tech. Apparemment, l’argent  est investi dans l’outil de production au lieu de campagnes publicitaires. Toutes les dernières technologies sont disponibles dans ces distilleries avec de grands efforts pour améliorer le rendement énergétique. Ces dernières années, les dépenses énergétiques furent réduites de 50% et la consommation d’eau de 75%. Loch Lomond est peut-être une des distilleries les plus vertes du secteur.
Loch Lomond est peut-être très discrète, mais reste très intonative (peut-être trop pour certains ?), produisant des whiskies destinés pour un large public au lieu de se limiter à un groupe de connaisseurs

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Une version limitée de 1800 bouteilles de Loch Lomond 1966 va être lancée ce mois (Octobre) en Allemagne, en même temps que le film «Tintin » sera projeté sur les écrans (comme la plupart des lecteurs de Tintin le savent, le whisky Loch Lomond était le préféré du Capitaine Haddock).


Après plus de 4 heures passées à Loch Lomond, il était temps de prendre mon départ et de me rapprocher de ma prochaine destination : Menstrie. Un grand merci à Loch Lomond distillery, Gavin et le personnel pour une visite mémorable. Pour information, la distillerie n’est pas ouverte au public.

www.whisky-news.com ©16 Octobre 2011