Speyside Chivas Tour, 28-29 Mars 2011

Dix jours avant ce tour, j’ai eu la surprise de recevoir une invitation pour une visite de 2 jours, incluant la visite de certaines distilleries du groupe Chivas en compagnie du Master Distiller Alan Winchester et du Master Blender Handy Hyslop, responsable pour Ballantine’s et les malts du groupe.
Le délai d’information était des plus courts et en l’attente de compléments d’information, un voyage professionnel la même semaine au Royaume-Uni se confirmant, la décision fut rapidement prise.

Arrivée à l'aéroport d'Aberdeen.

27 Mars:
Après un vol sans encombre, l’avion s’est délicatement posé sur le tarmac de l’aéroport d’Aberdeen en début d’après-midi. Après mes nombreuses escapades écossaises, l’aéroport est devenu un lieu familier pour moi. Néanmoins,  à l’exception des bouchons sur le périphérique, je n’ai jamais eu le temps de visiter la ville de granite. Après avoir déchargé mes bagages à l’hôtel, j’ai profité de cet après-midi libre pour combler cette lacune. A ma sortie du bus à Union Square, mon premier contact avec l’énorme super centre commercial d’Union Square, un bâtiment ultramoderne.  Après un rapide passage vers le port, je me dirige vers le centre historique d’Aberdeen vers Union Street et King’s street. L’atmosphère est grise : ciel gris, bâtiments gris, pavés gris, limite lugubre, sans compter que les rues sont désertes. Au fur et à mesure que je me rapproche du centre, la vie et les couleurs apparaissent. Après ces 4 heures passés à Aberdeen, il est temps de rentré  à l’hôtel et de rédiger mon rapport du Whisky Schiff Lucerne.

La vieille ville d'Aberdeen, la cité de granite.

 

28 Mars :
10 :00
Une fois le consistant petit-déjeuner écossais et les bagages préparés, il est temps de se rendre à l’aéroport pour rejoindre les autres bloggers. Qui sont-ils, combien sont-ils ? je n’en ai aucune idée. Seule information sure : visite de Glenburgie aujourd’hui et Glenlivet et Strathisla demain.

29 Mars :
18 :15
Dans l’attente d’embarquer pour mon vol au départ d’Aberdeen, je trouve finalement le temps d’allumer mon ordinateur. Le séjour de 2 jours dans le Speyside est derrière moi. Epuisé, mais satisfait de mon périple et temps de remercier Chivas Brothers pour l’invitation.
Mon idée première fut d’écrire ce compte-rendu en fonction des événements attendus et dans un ordre chronologique. Bien que le programme paraissait léger, avec seulement 3 distilleries en deux jours, le temps est vite passé, sans un seul moment creux.  Marche arrière et retournons dans le passé, plus précisément, à 10h30 le lundi 28 mars et voyons voir ce qui s’est passé.

28 Mars:
10 :15 
Je viens d’arriver dans le hall de l’aéroport et l’attente commence. D’après le programme, Alex Robertson, le Brand Ambassador pour Chivas, devrait nous accueillir. Au moins une personne que je connais (voir rapport Speyside). Etant le premier sur place, je profite de cette attente pour discuter avec un employé de Macallan venu réceptionner un invité. La distillerie The Macallan fonctionne à plein régime, y compris la vieille « still house » après sa modernisation. Concernant la fermeture de Tamdhu, il semblerait que la fermeture de cette distillerie soit due à un réalignement des marques du groupe et de focaliser ses efforts sur ses marques phares  (e.g., The Macallan et Highland Park).

10 :30
Je viens d’identifier notre chauffeur, juste avant l’arrivée d’Alex et puis finalement du reste du groupe de bloggers britanniques : Chris de www.edinburghwhiskyblog.com, Jim & Nicola de Whiskyboys.com, Matt et Karen de WhiskyforEveryone, Joe et Neil de CaskStrength accompagnés par Courtney de Chivas PR et ses partenaires Kay et Grace.
Une fois tous les bagages réceptionnés, nous départons direction Keith pour un repas de midi bien venu à Linn house avant la visite d’un des 40 chais de Chivas Brothers à Keith, chacun d’une capacité de 20-26'000 fûts.

Les chais de Chivas à Keith

 

Les chais, une place sure?

Après ce court arrêt, il fut temps de nous déplacer en direction d’Inverness pour la visite de la distillerie de Glenburgie, la plus récente distillerie du groupe.  J’ai eu l’opportunité de visité cette distillerie en 2009 (voir rapport du Speyside). Ce que j’apprécie dans cette distillerie « open space » est de pouvoir observer l’ensemble du processus (brassage, fermentation et distillation) sous un seul toit. Lors de cette visite, nous furent rejoint par Neil (voir rapport du Speyside), qui aimablement répondît à toutes nos question et nous expliqua le fonctionnement des thermo-compresseurs utilisés à cette distillerie, permettant une économie d’énergie d’environ 40%. Après la visite de la distillerie, nous nous sommes rendus dans la vieille maison de l’officier des douanes pour y rencontrer Sandy Hyslop, le Master Blender pour le groupe Chivas, afin de participer à un concours de blending, après une longue session de questions-réponses. L’exercice de blending consistait a recréé Ballantine’s 12 ans. Ce genre d’exercice est toujours difficile et requiert talent et expertise. Par le passé, j’ai eu l’occasion de participer à quelques ateliers similaires, mais dans ce cas, la complexité était supérieure, car les échantillons de malts (6) et de grain (1) étaient brût de fût et notre référence, le Ballantine’s 12 ans dilué à 20%.

La distillerie de Glenburgie

La tâche principale d’un master blender est d’assurer la consistance du produit au fil du temps, même si l’emballage change, comme cela fut le cas pour la gamme Ballantine’s en 2010. Afin d’assurer la consistance sur le long terme, le planning pour l’acquisition des distillats se fait 15-18 ans d’avance, inclus l’acquisition de fûts de sherry et de bourbon. Sachant que des blends tels que Ballantine’s sont constitués d’environ 40 whiskies (grain et malts confondus), considérablement plus que le nombre de distilleries présents dans le portfolio du groupe, Chivas achète des distillats de distilleries appartenant à des groupes concurrents, et non des stocks de whisky mâtures. Le distillat ainsi acquis est convoyé directement par des camions réservoirs chez Chivas, où les fûts sélectionnés seront remplis et maturés. Cette planification à long terme permet d’assurer la continuité des produits et d’avoir suffisamment de temps pour réajuster la composition de l’assemblage en cas de changements (par exemple, distillerie qui ferme ou qui change le style de distillat produit). Pour les blends, la composition est revue 1x par année.

Sandy Hyslop, le Master Blender pour le groupe Chivas

Dans le cadre de son activité, Sandy est responsable pour maintenir la qualité et la consistence de tous les distillats du groupe, c’est-à-dire, de tous les distilleries de malt, ainsi que la distillerie de grain de Strathclyde.

Sandy Hyslop explicant son travail (en anglais)

Les lundis et mardis, avec ses associés blenders et son personnel opérationnel (p. ex., Distillery Managers) il évalue la qualité des distillats en sentant (« nosing ») en aveugle tous les distillats réduits à 20 %. Dix échantillons sont préparés pour chaque distillerie dans des verres opaques (cobalt blue) et incluent 2 standards. Les distillats sont réduits à 20%, sans quoi, les organes olfactifs ne permettraient pas une analyse sensorielle d’un aussi grand nombre d’échantillons (150 au total). Le reste de la semaine, Sandy vérifie la qualité des distillats matures à chaque étape jusqu’à et y compris la mise en bouteille. Une question fut posée concernant l’Aberlour A’bunnadh, whisky produit en batch (par lot). Production en lot est une aubaine pour les master blenders, car il permet une certaine flexibilité entre chaque lot. Pour ce produit, nous seulement le profil aromatique peut différer, mais également la taille du lot. Pour ce malt, Sandy sélectionne les fûts et un fois la sélection complétée, les fûts sont identifiés, mis à côté et préparés pour l’embouteillage. Présentement, le Batch 35 vient d’atterrir sur les étagères, mais les fûts pour le Batch sont déjà sélectionnés.
Une des plus grandes difficultés pour lui est d’assurer la continuité d’un produit, dont les stocks sont limités tels que pour Scapa. Cette distillerie fut fermée pendant une certaine période dans les années 1990 et les stocks sont faibles. Assurer la consistance de ce produit est un donc un challenge continuel.
Sur cela, la partie « éducative » se termina et après un copieux et excellent souper écossais, par une partie plus récréative…

L'atelier d'assemblage du blend

29 Mars
9 :00

Après un modeste repos et un bon petit déjeuner, il fut temps pour notre groupe de nous rendre à la distillerie de Glenlivet où nous attendais Alan Winchester, le Master Distiller du groupe Chivas, responsable pour l’ensemble des distilleries du groupe.

Alan Winchester, Maître Distillateur chez Chivas sut le site de la distillerie Glenlivet fondée par John Smith

Le trajet fut tranquille et une petite balade sur le site la vieille distillerie de Glenlivet fut agréablement perçue. La nuit précédente ayant été courte pour la plupart d’entre nous…

La nouvelle extension de la distillerie The Glenlivet

Les connaissances historiques sur le développement du whisky dans la région de Glenlivet d’Alan furent impressives. S’ensuit la visite de la distillerie de Glenlivet, en commençant par la nouvelle extension, avant de s’achever par la visite de la vieille partie. Le contraste entre les deux sections est particulièrement saisissant. A  la fin de la visite, nous nous sommes rendus dans un des chais, afin d’y déguster un échantillon de Glenlivet 1979 tiré directement du fût.  Un bel exemple de Glenlivet très moelleux, sur la noix, le raisin, les fruits noirs, l’orange et les feuilles de tabac, un whisky gagnant en complexité au fur et à mesure que mes palmes réchauffaient ce liquide.

la nouvelle salle des alambiques de la distillerie The Glenlivet

La pause de midi dans le village d’Aberlour fut la bienvenue.
La dernière étape whisky de notre programme se déroula à la distillerie de Strathisla, le cœur de Chivas pour une séance de dégustation de Strathisla 12 ans et la majorité de la gamme Chivas Regal (12 ans, 18 ans et 25 ans). Ces blends De Luxe sont agréables, riche, doux et moelleux. Pour quelqu’un  comme moi habitué à déguster des singles malts, principalement bruts de fûts,  je trouve ces whiskies un peu trop dilué. Je préfère personnellement les Ballantine’s, un peu plus intenses. Le nez du 25 ans est très doux et moelleux, avec un excellent nez fruité, mais également avec une présence marquée de vieux grains en bouche. Ma préférence allait pour le 18 ans, plus riche et complexe que le 12 ans, mais également plus intense que le 25 ans. Après cette dégustation dirigée par Alex, nous avons visité la pittoresque distillerie. Ces distilleries traditionnelles ont plus de charme qu’une distillerie moderne, mais les conditions de travail dans une distillerie aussi compacte sont plus difficiles et inconvénientes, en particulier pour les grands travaux (p. ex. remplacement d’un alambique). La visite s'est terminée dans le Royal Salute Vault situé dans un des chais de la distillerie Strathisla, où nous avons eu le privilège de déguster le Chivas Stone of Destiny 38 ans (au moins) directement tiré du fût.

Dégustation du Chivas Royal Salute Stone of Destiny directement du fût

Le whisky était des plus impressionnants, riche, épais en combinaison avec l'influence d'un excellent fût de Sherry (Xérès). L'absence de réduction à40 ou 43% permet à la richesse aromatique et à son intensité de s'exprimer pleninement. Ce blend était excellent, très équilibré, avec un grain très discret. Lorsqu'on a dégusté un whisky comme celui-ci, on pourrait se demander à quoi ressemblerait un Chivas 18 ou 25 ans brut de fût.

L'espace de ces 2 jours, j'ai perdu la notiion de temps et comme mon reportage le suggère, je fus absorbé à capturer le maximum d'information et d'en apprendre au tant que possible de Neil, Alan et Sandy.

La distillerie de Strathisla, le centre spirituel de Chivas Regal

Je souhaite remercie Chivas Brothers pour cette invitation et participer à ce voyage enrichissant, ainsi qu'à son personnel (Sand, Alan, Neil, Alex, Courtney et les autres) pour leur disponibilité et répondre à nos nombreuses questions. Je souhaite également remercier mes collègues bloggeurs britanniques et je vous invite à consulter leurs site webs.

Slainte

Patrick

www.whisky-news.com© 03 Avr 2011